Genève, le 5 mai 2006
Monsieur Christoph BLOCHER
Conseiller fédéral
Département fédéral de justice et police (DFJP)
Palais fédéral ouest
CH-3003 Berne
Monsieur le Conseiller fédéral,
J’ai attendu en vain un démenti provenant du Département que vous dirigez concernant les déclarations faites à la presse par M. Claude COVASSI : ce dernier a affirmé être un agent fédéral, travaillant pour le Service d’analyse et de prévention (SAP) et le Service de renseignements stratégiques (SRS). Il a répété que sa mission était non seulement d’infiltrer le Centre Islamique de Genève que je dirige, mais encore d’agir en tant qu’agent provocateur, dans le but de me compromettre. Toujours par voie de presse, M. Claude COVASSI demande à présent à être entendu par la délégation de la Commission de gestion parlementaire sur les services secrets, afin de donner des explications.
Par ailleurs, confiant dans les institutions de notre pays, des démarches parlementaires ont été entreprises dans le but de comprendre ce qui s’est passé. M. Ueli LEUENBERGER, Conseiller national, vous a interpellé à deux reprises. Aucun éclaircissement n’a été réellement donné.
Etant donné la tournure prise par cette affaire, et les nombreux articles parus dans la presse, il nous semble dès lors impossible de ne pas faire toute la lumière sur la mission qui a été confiée à M. Claude COVASSI. Par ailleurs, ce dernier, ayant pris la fuite depuis le 20 février dernier, se dit être prêt, toujours par voie de presse, à revenir en Suisse immédiatement, si la Commission parlementaire accepte de le recevoir. Il dit avoir été agressé et être en danger. Il nous semble donc impératif que M. Claude COVASSI soit entendu, et que de cette façon sa protection soit assurée.
Monsieur Christoph BLOCHER,
Nous vivons, grâce à Dieu, dans une démocratie reconnue pour les valeurs qu’elle défend : le respect du citoyen et de la sphère privée, le rejet des infiltrations abusives et l’application de la justice. Le refus de recevoir M. Claude COVASSI et de lui permettre de s’exprimer ouvertement ne pourrait être interprété que comme un aveu d’autant plus inquiétant, qu’il nous conduirait à vivre dans un climat malsain de suspicion et de doute vis-à-vis de nos autorités, ce dont personne ne veut en Suisse.
Nous attendons donc des réponses claires et définitives nous assurant que de telles erreurs ne se reproduiront plus. Soyez cependant certain qu’en aucun cas, les citoyens de ce pays, respectueux de sa longue tradition humaniste et de ses valeurs, ne se satisferont désormais d’un « no comment ».
Veuillez agréer, Monsieur le Conseiller fédéral, mes salutations les meilleures.
Hani RAMADAN
Directeur du Centre Islamique de Genève
5 mai 2006
Copie : à Monsieur Ueli LEUENBERGER, Conseiller national