Charlottesville. Suprémacisme blanc, néonazisme, sionisme et quelques questions

« Heather Heyer, jeune femme de 32 ans, a été tuée samedi fauchée volontairement par une voiture, alors qu'elle manifestait contre la présence d'un rassemblement de suprémacistes blancs et de militants néo-nazis dans sa ville de Charlottesville. »

Qui parmi nous n'a pas été choqué par les images de ce véhicule avançant, puis reculant dans sa folie furieuse ?

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Les ingrédients du suprémacisme blanc comme du néonazisme sont les suivants :

La prétention de défendre une identité nationale sur des critères particuliers de couleur de peau, de race ou d'ascendance pure et supérieure.

La conviction qu'il faut se débarrasser de ce qui n'entre pas dans ce moule, considéré comme un corps étranger polluant ou contaminant le reste de la population aux origines intègres et distinctes.

L'idée que cette présence nocive est la cause des difficultés économiques et des troubles à  l'ordre public qui minent le pays.

La traduction de ces conceptions racistes par les discours des tribuns de l'ultranationalisme, par la violence verbale, et bientôt la violence tout court.

Voilà  les questions qui se posent :

Ces critères, on les retrouve avec évidence dans le projet sioniste qui a mis sur pied un véritable système d'apartheid, acculant une population entière à des frontières qui se réduisent comme peau de chagrin, et expulsant les Palestiniens privés de leur propre terre.

Combien de jeunes femmes arabes ont été tuées à  bout portant par des colons et des militaires qui n'ont pas été inquiétés ? Combien d'enfants et d'innocents ont été massacrés, victimes de gens qui pensent être en droit d'extirper une si mauvaise engeance ? Combien de Palestiniens sont en prison pour avoir fait acte de résistance ?

Une partie de l'électorat de Trump épouse ces thèses nauséabondes. 

Ceux qui s'en indignent à raison devraient se poser cette autre question : pourquoi un Palestinien arabe n'aurait-il pas droit aux mêmes égards ? Et encore :

Pourquoi le suprémaciste blanc est-il si odieux, pourquoi son action meurtrière soulève-t-elle un tollé international, et pourquoi le colon sioniste demeure-t-il protégé, alors que le fond idéologique est finalement le même : il dispose d'un privilège qui le distingue du fait de son ascendance ? Le Palestinien, lui, ne fait pas partie du clan. Il n'est pas considéré comme un humain, comme un semblable. Il n'a pas droit à  la citoyenneté chez lui.

Pourquoi donc la colère ici, l'indifférence là ?


 Hani RAMADAN

Directeur du Centre Islamique de Genève

http://haniramadan.blog.tdg.ch/


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