Palestine : non au transfert du bureau de la DDC

Ainsi donc, le ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis a exprimé sa volonté de fermer le bureau de la Direction du développement et de la coopération (DDC) favorable aux Palestiniens à Jérusalem-Est, pour le déplacer en Cisjordanie. Toutefois, le Conseil fédéral n’a pas encore donné son feu vert pour effectuer ce transfert. En visite officielle en Israël, Guy Parmelin s’est exprimé avec prudence : « J'ai rappelé au Premier ministre Naftali Bennett que la Suisse travaille depuis vingt ans à Jérusalem-Est, sans que cela ait posé problème jusqu'ici. »

Le Président de la Confédération avance cependant que ce déplacement permettrait de réunir les deux bureaux qui existent et rendrait l’aide aux Palestiniens plus efficace. La question de la sécurité pourrait constituer un argument probant également : « Nous ne voulons pas non plus, dit Guy Parmelin, mettre en danger les personnes qui travaillent dans ce bureau ».

Soyons clairs. Le transfert du bureau de la DDC à Ramallah ne signifierait qu’une chose : la reconnaissance implicite d’une action illégale menée par le gouvernement israélien, qui revient à annexer impunément les territoires palestiniens, contre le droit international. La Suisse ne devrait jamais s’aligner sur un processus transgressif qui, de surcroît, remettrait sa neutralité en cause.

Par ailleurs, l’Etat hébreu vient d’annoncer la construction de milliers de logements illégaux en Cisjordanie, et met l’administration de Joe Biden devant cette décision irrévocable. La clé de la politique sioniste au Moyen-Orient depuis des décennies, c’est comme chacun sait le fait accompli et la fuite en avant.

Et au moment où se déroule la visite de notre président, un autre drame largement relaté par la presse arabe, mais dont très peu d’échos nous parviennent du côté de nos médias, se déroule près du mur de la Vieille Ville de Jérusalem : des gardes-frontières israéliens expulsent des Palestiniens du cimetière d'Al-Yusufiye, où des bulldozers ont détruit des tombes pour construire un Parc national juif.

Sur les réseaux sociaux circule cette image douloureuse d’une mère en pleurs agrippée à la tombe de son fils, que l’on arrache à la sépulture devenue le symbole d’une ville où les Palestiniens avaient encore le droit de vivre et de mourir. Dans ce contexte, il serait particulièrement malvenu de conforter la politique expansionniste de l’Etat sioniste en signifiant aux Palestiniens qu’ils n’ont droit à aucune aide directe, dès lors qu’ils choisissent de résister à l’occupant en restant chez eux.

La Suisse est un pays qui se caractérise par son respect du droit, sa neutralité active, son humanisme internationalement reconnu. En 2001, elle avait commis l’erreur de transférer sa représentation diplomatique de Jérusalem-Est à Ramallah, subissant les pressions des autorités israéliennes. Déplacer à présent le bureau de la DCC reviendrait à cautionner un acte de colonisation qui prive les Palestiniens de leur droit de vivre dans les territoires annexés. Impensable.

 Hani RAMADAN

Directeur du Centre Islamique de Genève

Tribune de Genève - L'invité,  Opinion, 7 novembre 2021


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